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Dabealvi.La Sentinelle en mode veille - Centrafrique M.E.R.C.I

CENTRAFRIQUE: Nous savons tous que nous sommes pécheurs. Personne ne le niera, en général.

5 Juillet 2019 , Rédigé par dabealvi.over-blog.com

L’évangile de ce matin nous concerne ! L’événement se situe tout au début du ministère de Jésus en Galilée, au bord du Lac de Génésareth. Après son baptême et les tentations dans le désert de Judée, Jésus s’était rendu d’abord dans son village natal, Nazareth. Il y avait proclamé clairement qu’il était venu pour les pauvres, les prisonniers, les aveugles et les opprimés ; pour guérir, libérer et consoler. À Capharnaüm il opère ensuite des guérisons, dans une synagogue et dans la maison de Simon-Pierre. Les gens sont impressionnés par la force de sa parole. Jésus ne parlait pas comme nous, mais avec autorité et puissance. Sa parole venait, en quelque sorte, « d’ailleurs ». Elle ne tombait pas dans le vide, mais elle agissait sur les corps et dans les cœurs. Elle était, nous dit saint Luc, « la parole de Dieu » (Lc 5,1), une parole « qui parle, et cela est », comme celle du Créateur.

Ce matin nous retrouvons Jésus pour la première fois en plein air. Beaucoup de gens sont venus pour l’écouter, ils le pressent au bord du Lac. Jésus monte dans la barque de Simon-Pierre, à quelque distance du rivage, pour leur parler. Et quand il a fini, il dit à Pierre ces mots inattendus, mais qui nous concernent tous : « Avance en eau profonde, et lâchez vos filets pour la pêche ». Pierre a travaillé toute la nuit pour rien. Il vient de laver ses filets et a attendu, sans doute, la fin du discours de Jésus pour aller se reposer. Et voilà un ordre bien déraisonnable, insensé : car on pêche la nuit et non en plein jour. Jésus vient d’un village loin du Lac et n’y connaît rien ! 

Mais Pierre a aussi compris la force de la parole de Jésus, et il dit : « Maître, nous avons peiné toute la nuit sans rien prendre, mais sur ta parole, je vais lâcher les filets ». Il fait confiance.

Le résultat est au-delà de toute attente, aussi inattendu que l’ordre semblait insensé. Les filets des hommes se déchirent. On remplit deux bateaux jusqu’au bord. Pierre est bouleversé : ici, c’est Dieu qui est à l’œuvre, il n’y a pas d’autre explication. Pierre tombe à genoux devant Jésus et dit : « Seigneur, sors d’auprès de moi, parce que je suis un homme pécheur ! ».

Nous savons tous que nous sommes pécheurs. Personne ne le niera, en général. Mais il y a des moments dans la vie où nous le sentons plus particulièrement, où cela nous bouleverse. Et plus Dieu agit en nous et se manifeste à nos yeux, plus nous le sentons, plus cela nous bouleverse. C’est souvent aussi un moment de conversion, de changement radical, d’une illumination : tout d’un coup nous comprenons ce que Dieu veut de nous. Jésus n’a pas essayé de convaincre Pierre par des arguments, il ne lui a pas expliqué pourquoi il fallait retourner à la pêche. Pierre ne l’aurait pas cru.

Pour se révéler à nous et nous appeler à sa mission, Dieu n’essaie pas d’éblouir directement notre intelligence. Il brise d’abord notre cœur. L’intelligence suivra ensuite, peut-être, et en quelque sorte de loin…  Comme le disait un auteur spirituel contemporain, à la suite de saint Benoît : « La première lueur que nous apercevons de Dieu est, très paradoxalement, les ténèbres de notre misère. Et le premier degré que nous montons vers la connaissance de Dieu est celui que nous descendons vers l’abîme de notre péché. Il n’y a pas d’autre chemin » (D. André Louf, Seul l’amour suffirait, 1982, p. 121.).

Pierre veut que Jésus s’éloigne de lui, or c’est juste le contraire qui arrive : Jésus l’appelle à une grande mission, une mission au-delà de ses capacités humaines, une mission dont cette pêche d’aujourd’hui n’est que le symbole, un acte prophétique.

C’est cela le mystère de notre réussite, de notre réussite « selon Dieu » : nous devons d’abord avoir fait l’expérience de notre échec. Nous devons avoir peiné, comme Pierre, toute la nuit « pour rien », sans résultat, laver nos filets déchirés « pour rien ». Ensuite nous pouvons faire confiance à Dieu, car nous n’avons plus rien à perdre. Nous ne pouvons plus qu’agir « sur saparole », c’est à dire : par sa force, par sa puissance, et non par la nôtre. Et quand Dieu se manifeste ainsi en nous et par nous, nous pouvons nous reconnaître pécheur, « vraiment pécheur », c’est à dire : reconnaître d’avoir besoin de son salut.

Pierre, le prince des apôtres, a été appelé parce qu’il était pécheur, parce qu’il se savait pécheur. Pécheur, il l’est resté jusqu’à la fin de l’évangile, jusqu’à son triple reniement au moment de la Passion (« Je ne connais pas cet homme »), et jusqu’à sa triple déclaration d’amour après Pâques (« Seigneur, tu sais que je t’aime »). Mais c’est pour cela que Jésus lui a demandé aussi de paître ses brebis. Jésus n’est pas venu pour les justes, mais pour les pécheurs. Il a besoin de nous, pécheurs, pour nous sauver, il a besoin de nous pour nous donner la vie. Sans nous il ne peut rien pour nous, comme nous, sans Lui, nous ne pouvons rien. Chacun de nous peut donc répéter avec le psalmiste : « J’étais faible (humilié), et tu m’as sauvé » (psaume 114,6). Dire ces paroles, au moment de nous approcher de Lui dans la communion eucharistique, c’est déjà le recevoir dans notre cœur. C’est le recevoir, Lui notre sauveur. Car c’est Lui qui nous sauve, c’est Lui qui nous donne la vie, au-delà de nos forces, au-delà de nos attentes.

Jésus tous les jours nous demande:« Montrez-moi ce que vous avez dans vos filets… » Cette semaine, Jésus invite nous invite à ouvrir nos filets, et à lui montrer combien de poissons nous avons pris. Jésus demande d’ouvrir les filets pour lui montrer ce que nous  avons, dans ce temps de sécheresse spirituelle 

En effet, nous sommes après Pâques, le Christ est ressuscité, la création transfigurée, le monde sera jamais plus le même, mais pour autant les disciples ont repris leur petit train de vie quotidien, ils ont repris la pêche, oubliant que Jésus leur avaient dit: je vous feraient  pêcheur d’hommes. les apôtres sont là à faire des parties de pêche au lieu d’annoncer l’Évangile, en plus sans rien prendre. Quand quelqu’un vient les voir pour leur donnant des conseils de pêche et que ça marche, ça fait tilt dans la tête de Saint-Pierre. Il se rhabille et découvre son Seigneur en train de cuisiner du pain et du poisson, ce poisson dont on ne sait pas d’où il vient. Et alors même que Pierre a dit : « c’est le Seigneur ! », il y a cette phrase magnifique : « aucun des disciples n’osait lui demander : "qui es-tu ?" Ils savaient que c’était le Seigneur. »

 

Nous voilà donc ce matin en train méditer un récit d’Évangile très particulier. Il y a certes un miracle de la pêche surabondante, il y a aussi, comme dans les récits de la multiplication des pains, cette attitude de Jésus qui s’approche, prend le pain, et leur donne, ainsi que le poisson.  Mais voilà, sous des apparences de petit barbecue au bord du lac avec Jésus le ressuscité, Dieu veut nous dire bien plus que cela. Il ne s’agit pas que d’une petite partie de campagne. Ce texte nous redit, avec la force d’un récit en apparence très poétique, que le grand mystère de la foi, c’est que Dieu s’approche qu’il donne à manger, tous les jours dans l'Eucharistie Dieu se donne et cette nourriture divine nous  mets en communion avec notre Seigneur et avec nos frères. 

Depuis toute éternité, le Seigneur veut vivre avec les hommes.  Voilà pourquoi nous devons nous laisser inviter à la table du Seigneur. Notre vie, c’est la vie avec le Christ. c’est accueillir ce Dieu qui veut être à notre table, où nous déposons le peu de nos vies, et où nous lui demandons qu’il vienne y mettre tout son esprit, afin que nos vies ne soient plus à nous mais qu’elles soient à lui et en lui.

 

Alors bien sûr, cela ne nous dérange et nous perturbe de devoir sortir ce qui vient au fond de nous… comme Simon Pierre qui était dérangé par les interpellations de Jésus. Car à la question« M’aimes-tu ? »,  il lui faut répondre : Seigneur j’ai une faiblesse au fond du cœur, et cette faiblesse ça a été de te trahir par trois fois.

 

Déposer au pied du Seigneur ce qu’il y a au fond de notre cœur, cela nous rappelle nos confessions, qui sont si difficiles à vivre pour nous parce qu’il y a encore cette honte trop humaine, de se dire que ce qu’il y a au fond du cœur est appelé à y rester, surtout lorsque c’est noir et que ça pue. Jésus ressuscité vient dire tout autre chose à Pierre, et à nous aussi il nous dit :« tu as péché ? Tu as peu de foi ? Peu d’amour au fond du cœur ?... Peu importe, moi je tiens à toi, moi j’ai une mission pour toi, moi je viens chercher ce qu’il y a au fond de ton cœur… et il y en a du lumineux, il y en a dû lumineux dans ta vie, toutes ces perles d’amour que tu as enfilé au fil des jours, par de petites actions ou de grandes choses, cela peut sembler peu de choses, mais ça et tout le reste je les aime. »

 

Dieu dans son Amour pour nous, nous laisse le Sacrement de pénitence, la confession, mais plus largement dans toute notre vie, ce que le Christ nous demande d’exprimer, cela n’a rien à voir avec ce déballage médiatique, obscène et populiste. Jésus face à Pierre, il l’interpelle certes sur ce qui est doux douloureux dans sa vie, mais il ne le laisse pas là, il le recouvre de sa miséricorde et lui dit « suis moi ».

 

Suivre le Christ, nous le savons, ce n’est pas aisé, cela implique de passer sur l’autre rive, cela implique l’humilité d’accepter l’invitation à un repas préparée par le Seigneur, cela implique de recevoir la lumière de Pâques comme une lumière de pardon et de résurrection, cela implique de dire à Jésus : « Seigneur, je ne suis pas digne de te recevoir, mais dit seulement une parole et je serai guéri ».

 

En cette eucharistie, ces noces de l’Agneau, en ce repas où le Christ ressuscité livre sa vie et donne sa vie pour nous, ouvrons notre esprit, notre cœur, et tout notre corps à ce Dieu qui veut vivre avec nous et en nous. Accueillons sa lumière, cette flamme de Pâques aux côtés de laquelle nos petites misères sont transfigurées. Le Seigneur nous dit : « vient» Répondons avec confiance à cette invitation en redisant notre faible foi, notre Amen, à ce Dieu qui est, qui était et qui vient.

Amen.

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