Que devient la Centrafrique, 10 mois après la signature d’un accord de paix ?
Conclu entre l’Etat et 14 groupes armés, l'accord de paix signé en février 2019 met officiellement fin à une guerre civile qui dure depuis plus de 6 ans, avec plusieurs milliers de morts, et plus d’un million de réfugiés déplacés. Des formations pour les forces de l’ordre ont depuis été mises en place, Europe 1 a assisté à l’une d’entre elles. Pour Joseph, une gendarme mobile de Bangui, les mauvais restes de la guerre civile sont encore visibles au quotidien. "Avec la population, c’est un peu difficile, par exemple s’il y a des manifestations, on nous jette des pierres lorsque l’on intervient, parfois il y a des coups de feu. Mais la mentalité des Centrafricains a changé, on réapprend à vivre ensemble. Grâce à ce que nous avons acquis ici, on intervient comme médiateurs", explique la plus jeune gendarme de la formation.
Rétablir l'autorité de l'Etat
Les patrouilles se font sans trop d’encombres, hormis dans le quartier musulman du PK5 où les forces de l’ordre évitent de circuler la nuit, mais les équipes sont trop peu nombreuses et sous-équipées. "Il y a beaucoup de déficit, si on n’avait pas assisté à cette formation, on n’aurait pas su comment faire", éclaire Cyril, un agent de douane qui reconnait les lacunes de la police centrafricaine.
Le but de la formation, c’est surtout de rétablir l’autorité de l’Etat, parce qu’elle passe nécessairement par ses agents. Mais pas seulement. Le contrôle du territoire est également primordial. Mais 80% du pays est toujours occupé par des groupes rebelles armés. Le gouvernement tente donc en priorité de conserver la sécurité sur l’unique voie de ravitaillement venue du Cameroun voisin. Cela représente 600 km de chemins de terre très prisés par les coupeurs de route pendant la guerre civile.
Des barrières réaménagées pour être bien identifiées
Des barrières sont tenues par des forces de l’ordre. Auparavant, elles l'étaient par des rebelles. Mais selon le chef d’équipe de l’entreprise française dotée de fonds européens pour la sécurisation de ce corridor, le racket continue.
On compte encore une vingtaine de barrières illégales, contre neuf officielles. Elles sont réaménagées pour être bien identifiées. Pavel, chauffeur poids lourd camerounais estime que c’est un bon début : "Maintenant, on peut facilement faire la route sans avoir peur. Le seul problème, c’est qu’il y a trop de trous sur la route. Il y a un le risque de renversement, il faut être vigilant."
Selon notre envoyé spécial, la sécurisation du corridor doit faire figure d’exemple pour le reste du territoire, mais il faudra certainement d’autres arguments pour faire plier les milices rebelles toujours en place. La situation reste donc précaire en Centrafrique.