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Dabealvi.La Sentinelle en mode veille - Centrafrique M.E.R.C.I

RCA : Centrafrique ou “marge-Afrique” ?

16 Février 2016 , Rédigé par dabealvi.over-blog.com Publié dans #boganda, #Centrafrique, #unité, #dignité, #travail, #dabealvi

RCA : Centrafrique ou “marge-Afrique” ?

République“Centrafricaine”... Lorsque l'ancienne colonie française d'Oubangui Chari adopte ce nom au moment de son accession à l'indépendance, la référence au “centre” et à la position géographique du nouvel état est probablement un expédient aisé pour marquer la rupture avec une histoire coloniale violente et douloureuse, plus sans doute que dans le reste de l'immense “empire africain” français.

Ce n'est qu'à la fin du 19ème siècle que les régions situées au Nord du fleuve Oubangui, actuelle frontière nord de la République Démocratique du Congo, sont explorées, et qu'y sont établis de premiers “postes” ou “comptoirs”. Le nouveau territoire du domaine colonial fran- çais est impénétrable; les forêts y sont denses, le climat particulièrement propice à toute sorte de maladies. Le grand rêve français d'établir une continuité territoriale de l'Atlantique à l'océan Indien, intérêt primordial du nouveau territoire pour une Troisième République toute à sa lutte d'influence avec son concurrent anglais, est rapidement contrarié. L'histoire retiendra l'épisode de Fachoda1 comme symbole de l'échec français, mais l'actuelle République Centrafricaine a bien à l'époque de son exploration un rôle central dans les visées stratégiques françaises. Pour son malheur, cet intérêt stratégique contrarié ne favorise pas la “colonisation vertueuse” de l'Oubangui-Chari, où les réalisations “civilisatrices” françaises sont simplement absentes. Ni pont, ni rail, ni route ne sont construits. Les Autochtones, loin de bénéficier de quelque soin ou effort d'éducation sont asservis par des entreprises privées auxquelles est livrée, sous la forme d'immenses concessions, l'exploitation d'un territoire dont la république renonce à la mise en valeur. Sur le modèle à hauts profits du Congo belge voisin, les futurs centrafricains sont contraints à la collecte de la sève de l'hévéa, matière première du caoutchouc, ou soumis aux terribles tâches de “portage”. Ils mourront en d'effarantes proportions. Loin d'en être mise au centre, la future Centrafrique est, dés son apparition sur les cartes dont elle a longtemps été “la dernière tâche blanche”, rejetée à la marge de l'empire colonial. Devenu indépendante, la République Centrafricaine connaîtra une succession de dirigeants, tous installés à la faveur de coups d'états qui ponctuent une violence politique demeurant aujourd'hui au cœur de la problé- matique du pays. C'est le plus célèbre de ses chefs qui, consciemment ou non, donnera une nouvelle justification au nom que s'est choisi l'ancienne colonie. Le 4 décembre 1977, Jean-Bedel Bokassa est sacré empereur de Centrafrique, en une cérémonie somptuaire qui si elle a servi depuis à caractériser la folie mégalomaniaque de l'intéressé, devenu le symbole facile d'une immaturité presque cocasse du “chef africain”, a à l'époque été retransmise par toutes les télévisions du monde, tout comme s'il avait été question des obsèques d'un pape monégasque.

Devenu indépendante, la République Centrafricaine connaîtra une succession de dirigeants, tous installés à la faveur de coups d'états qui ponctuent une violence politique demeurant aujourd'hui au cœur de la problématique du pays.

Quels qu'en fussent les modes et la manière, c'est bien à un replacement de la Centrafrique au centre de l'actualité mondiale que parvient alors Bokassa, qui s'invitera plus tard, par diamants interposés et bien que déchu, jusqu'au cœur du débat présidentiel français. Le faste du sacre de l'ancien capitaine de l'armée française cache pourtant mal une réalité centrafricaine catastrophique. Si l'héritage colonial est, au moment de l'indépendance de 1958, presque vide de réalisations sur lesquelles pourrait s'appuyer le développement du pays, un demi-siècle plus tard, rien n'a changé. Nous contentant d'un seul chiffre parmi les dizaines disponibles qui caractérisent l'extrême sous-développement du pays, on rappellera qu'aujourd'hui, l'espérance de vie d'un centrafricain est inférieure à 40 ans, et que si nombre de pays affichent une statistique à peine supé- rieure, peu voient celle-ci repartir à la baisse comme on l'observe ici. Aux exploiteurs colons ont succédé des prédateurs locaux, dont Bokassa n'est que l'illustration la plus connue, probablement à cause d'une longévité exceptionnelle pour la RCA. Ses différents successeurs, auxquels il est parfois complaisamment prêté quelque vertu nouvelle, avaient souvent occupé des fonctions de premier plan au sein des gouvernements qu'ils se sont ensuite attachés à renverser. Ange-Félix Patassé, président de 1993 à 2003, fut ainsi premier ministre de Bokassa, dont il épousera jusque aux bizarreries, devenant Mustapha Patassé pendant la courte conversion à l'islam de Jean-Bedel devenu Salah Eddine Bokassa. L'actuel président Bozizé, qui se dit déterminé à assurer normalisation politique et démocratisation, fut lui-même le chef d'état major de Patassé, au profit duquel il réprima, durement, mutineries et tentatives de coups d'état, ou simples velléités de contestation. Pendant ces années de luttes entre membres d'une même classe dirigeante pour le pouvoir et l'argent, enrichissement personnel et détournements massifs de fonds étant une constante de la gestion centrafricaine, le développement du pays se limite à l'exploitation diamantaire, à l'organisation de chasses au fauve pour riches clients étrangers, et à la seule ville de Bangui, petite capitale et centre politique d'un immense territoire marginalisé

On rappellera qu'aujourd'hui, l'espérance de vie d'un centrafricain est inférieure à 40 ans, et que si nombre de pays affichent une statistique à peine supérieure, peu voient celle-ci repartir à la baisse comme on l'observe ici.

Birao est la préfecture de la Vakaga, située à la pointe nord est de la république centrafricaine, à quelques 1 100 kilomètres de Bangui, aux confins des frontières avec le Tchad et le Soudan. L'éloignement de Bangui de cette bourgade d'une quinzaine de milliers d'habitants est un facteur qui limite encore l'attention déjà distraite, et pour le moins désinvolte, d'autorités centrafricaines d'autant moins enclines à s'intéresser à ce coin du territoire qu'il est par ailleurs majoritairement peuplé de populations musulmanes. Souvent injustement suspectées de déloyauté et d'une trop grande proximité avec leurs coreligionnaires du Soudan mais surtout du Tchad, qui est rarement absent des coups d'états tentés ou réussis, les populations sont discriminées de longue date, et rejetées à la marge de la marge. Etre nommé à Birao semble, pour un fonctionnaire de Bangui, être vécu comme une punition. Durant le règne de Bokassa, les “fous”, les mendiants, les opposants politiques ou simplement les malchanceux raflés arbitrairement, y furent envoyés et enfermés en une sorte de camp de concentration à la mode locale, où les animaux sauvages jouaient le rôle de gardiens supplétifs des “oisifs”. Aujourd'hui, l'actualité éloigne un peu Birao de sa marginalité absolue, même si c'est notamment en marge du conflit du Darfour voisin que l'intérêt pour la région grandit, en même temps que la crainte d'une extension de la crise soudanaise aux pays voisins. Bout du monde où la vie semble s'écouler selon un mode resté, à quelques indices près, conforme à ce qu'il était des décennies auparavant, Birao accueille avec un espoir à la hauteur de l'abandon dont elle souffre la petite poignée d'ONG qui y travaillent désormais : ne pas décevoir n'est pas la moindre des gageures. ❚

par Ivan Deret, chargé de programme

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Project URL

http://wesharecrowdfunding.com/centrafrique

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