CENTRAFRIQUE: Nous ne pouvons servir le Dieu Amour et le dieu Argent
« Nul ne peut servir deux maîtres : ou il haïra l'un et
aimera l'autre, ou il s'attachera à l'un et méprisera l'autre.
Vous ne pouvez servir Dieu et l'Argent. »
Cette Parole est aujourd'hui d'une actualité étonnante!
Elle ne l'est pas seulement au niveau personnel, elle est
aussi au niveau des communautés et des peuples. Les deux
sont totalement opposés. Dieu et l'argent, voilà deux
maîtres entre lesquels il nous faut choisir. Choisir par
amour et dans la liberté, voilà qui n'est pas bien facile par
ces temps qui courent. Et pourtant, la parole de Jésus est
ferme et claire, qui oblige à un choix vrai et conséquent.
Envisageons d'établir sans aucune tentation d'hérésie une
raisonnable comparaison entre Dieu et l'Argent, entre le
sujet et l'objet, entre celui qu'on sert et celui dont on se
sert. Dieu, je le sers et l'argent je m'en sers. Où se situe ici
le comportement de valeur que je dois adopter?
Cette interrogation nous fait percevoir en définitive que
c'est Dieu ou moi. Ce « moi », c'est mon petit confort, c'est
la recherche de l'argent, le souci de la nourriture et du
vêtement. C'est le « moi » qui veut être le seul maître chez
lui. C'est lui que j';ai tendance à vouloir servir. Le mot
« servir » a profondément ici un sens religieux. Or, la Bible
nous enseigne inlassablement, dans l'ancien testament
comme dans le nouveau testament, que la seule personne,
le seul sujet de notre service, c'est bien Dieu. Servir Dieu,
c'est l'aimer, et l'aimer, c'est le servir. Et à travers lui,
servir le prochain. Nous sommes au cœur d';un monde qui
nous propose chaque jour de nouvelles valeurs à vivre, un
monde qui dessine chaque jour de nouveaux visages
culturels. Au cœur de ce monde qui nous harcèle de
propositions de tous ordres, la tentation est grande de nous
faire des idoles.
Cependant, nous ne devons pas nous faire des idoles car
toute idolâtrie fait de nous des esclaves. Et à bien des
égards, l'argent peut devenir une idole, surtout en ce siècle
où le matériel et le plaisir sont si souvent mis en relief.
Quand on est obsédé par l'envie de gagner toujours plus
d'argent, on en devient vite esclave. A partir de ce
moment, nous n'avons plus le temps de penser à autre
chose. Nos intérêts sont ailleurs. Dieu et le prochain ne
sont plus pour nous des priorités. Nous devons donc rester
extrêmement vigilants par rapport à nos biens, afin
d'éviter d'être possédés par ce que nous possédons.
«Vous ne pouvez pas servir Dieu et l'argent», nous répète
Jésus. Les personnes les plus démunies sont les victimes du
culte de l'argent. Et pourtant, les ressources de la terre
sont surabondantes! Ce qui constitue une des grandes
pauvretés de notre humanité en ce siècle, c'est le manque
de partage équitable des biens et des ressources
planétaires. La culture de l'individualisme de plus en plus
croissante, le réflexe de satisfaire d'abord le « moi » font
reculer les frontières de la solidarité agissante. Ce nouveau
type de comportement crée un profond déséquilibre dans
les relations entre les peuples et même entre les individus;
la recherche effrénée du gain par les nations les plus fortes
et les plus puissantes introduit malheureusement toutes
sortes de conflits dans les pays pauvres et les livre ainsi au
pillage et à la destruction des ressources dont ils sont
pourvus. Face à cette réalité, la page d'Évangile de ce
dimanche se présente comme une force d'interpellation,
une parole rigoureuse et vigoureuse.
Comprenons bien; ce n';est pas l'usage de l'argent que
Jésus condamne. Il est et demeure certainement un bien
très utile pour nous procurer ce dont nous avons besoin.
Mais il sera toujours un mauvais maître. On ne peut pas se
le procurer à n'importe quel prix, surtout pas au prix de la
violence. Plusieurs personnes pensent qu'avec beaucoup
d'argent, elles s'ouvrent les portes du bonheur. Notre
société ne se gêne pas pour attiser ce désir, jusqu'à la
frénésie. Certains problèmes matériels seront peut-être
résolus, mais l'argent ne peut à lui seul nous assurer
l'avenir, ni le vrai bonheur. Les biens de consommation
que nous accumulons nous laissent toujours insatisfaits.
D'autre part, un jour viendra où il nous faudra tout
laisser. C'est bien sûr l'allusion faite à notre mort, à la
mort de chacun et de chacune d'entre nous. Jésus veut
simplement nous faire comprendre qu'à un moment
donné, l'argent ne nous sera plus d'aucune utilité.
En ce 8e dimanche du temps ordinaire, le Christ vient nous
rappeler que notre avenir est dans les mains de Dieu. Il est
notre Père, un Père qui aime chacun de ses enfants et qui
veut leur bonheur; il tient à nous comme à son bien le plus
précieux. Il prend soin de toutes les créatures qu';il a faites.
Il nourrit les oiseaux du ciel. Il habille les fleurs des
champs, mieux que ne le fût Salomon dans toute sa gloire.
Pour lui, nous valons bien plus que tous les oiseaux du ciel
et l'herbe des champs. Il nous invite à en tirer toutes les
conséquences : c'est pour nous un appel à nous en remettre
à lui dans une confiance totale. Ce dimanche nous offre
encore une fois la belle occasion d'expérimenter la noble
démarche qu'est la foi de l'abandon.
Concrètement, nous dit Jésus, cessez de vous prosterner
devant votre coffre-fort et de regarder vos billets de
banque comme des images pieuses. Ne vous faites pas tant
de souci. Votre Père du ciel sait mieux que vous de quoi
vous avez besoin. Ce n'est pas une invitation à l'indolence
ou à l'insouciance. Nous ne sommes ni des oiseaux ni des
fleurs. Nous avons un cerveau et des bras pour dominer la
terre et l'organiser en vue de notre bien et celui du monde.
Mais la grande priorité c'est notre vocation d'être à
l'image de Dieu. Jésus nous invite constamment à lui
accorder la première place dans notre vie, la place du
Maître, sans nous occuper de nous. Lui s'en occupera bien
mieux que nous.
Cet appel du Christ, il nous faut sans cesse le réentendre et
nous en imprégner. Le danger nous guette de perdre de
vue l'essentiel, de nous détourner du vrai chemin pour
emprunter les sentiers qui ne mènent pas à la vraie vie
mais vers des impasses. Il y a des visions chatoyantes qui
ne sont que des mirages. L'important c'est de chercher
d'abord le Royaume de Dieu et sa justice; c'est de tout
faire pour que Dieu règne en moi et qu'il ait vraiment la
direction de ma vie. Il ne cesse de nous appeler à nous
ajuster à lui sans nous préoccuper de nous. Nous ne devons
pas hésiter à nous en remettre à lui pour tout ce qui nous
concerne.
Le Christ nous conseille toujours la confiance en Dieu. Il
est pour nous plein d'espérance, Lui qui connait l'avenir
des peuples. Alors, animés d'une foi qui va de l'avant, nous
croyons non seulement en Dieu mais nous croyons aussi à
son action sur l'humanité grâce à notre coopération à son
œuvre d'amour pour nous tous et pour chacun. Nous
savons aussi que pour réaliser le bonheur de tous ses
enfants, il compte sur nous et sur les valeurs qu'il a
inscrites au plus profond de nos cœurs.
En ce jour, nous nous tournons vers toi, Seigneur. Quand
les soucis nous accablent, donne-nous de mettre en toi
toute notre confiance. Apprends-nous à nous libérer de
tous nos esclavages et à être des porteurs de ton amour
auprès de tous. Nous demeurons ainsi dans l';action
de grâce.
Ou bien tu marches selon la chair, ou bien tu marches
selon l’Esprit. « Ceux, en effet, qui vivent selon la chair,
s’affectionnent aux choses de la chair, tandis que ceux qui
vivent selon l’esprit s’affectionnent aux choses de l’esprit.
Et l’affection de la chair, c’est la mort, tandis que
l’affection de l’esprit, c’est la vie et la paix. » Romains 8, 5-
6. Tu peux être dans la chair (Romains 7, 5), ou tu peux
être dans l´Esprit (Romains 8, 9). Cela dépend de toi. Es-tu
dans l’Esprit ou es-tu dans la chair ? Vis-tu selon les
convoitises de la chair, ou vis-tu selon le Saint-Esprit ?
« Ainsi donc, frères, nous ne sommes point redevables à la
chair, pour vivre selon la chair. » Romains 8, 12. Si tu vis
dans l’Esprit et que tu marches selon l’Esprit, la chair avec
ses convoitises est impuissante, elle est crucifiée. Mais si tu
vis selon la chair et ses convoitises, tu foules au pied ta
conscience, et tu ne peux pas entendre celui qui te parle
depuis le ciel. Qu’est-ce que tu écoutes ? Ecoutes-tu les
exigences qui proviennent des convoitises de ta chair, ou
es-tu à l’écoute de ta conscience et de celui qui parle du
haut du ciel ?
C’est soit l’un soit l’autre. Personne ne peut servir deux
maîtres. Soit il haïra l’un et aimera l’autre, soit il sera
fidèle à l’un et méprisera l’autre. Qui est ton Seigneur ?
Christ ou Bélial ? Qui aimes-tu le plus ? Qui est celui que
tu suis ? Les réponses que tu apporteras à ces questions
cruciales vont déterminer ton éternité. Sois honnête envers
toi-même.
Si jusqu’à maintenant tu as vécu selon ta chair et agi selon
ta volonté et les pensées de ta chair, repens-toi, mets un
terme à toutes les exigences de ta chair. Ouvre ton cœur et
ton oreille à l’appel de Dieu et à sa voix. Tout le monde
doit servir un maître, soit le péché et l´injustice, qui ont
pour résultat la mort, soit la justice qui a pour résultat la
vie et la paix. Il n’existe pas de solution intermédiaire. Soit
c’est la mort qui règne, soit ce sont la grâce et la justice.
(Romains 5, 17) Ainsi donc, comme par une seule offense
la condamnation a atteint tous les hommes, de même par
un seul acte de justice la justification qui donne la vie
s’étend à tous les hommes. (Romains 5, 18) Soit tu t’ouvres
à la foi, soit tu t’ouvres à l´incrédulité.
« Mais maintenant, étant affranchis du péché et devenus
esclaves de Dieu, vous avez pour fruit la sainteté et pour
fin la vie éternelle. » Romains 6, 22.
Chacun de nous doit décider personnellement qui il veut
servir. Cela ne dépend que de notre volonté. Chacun de
nous a le pouvoir de choisir. Personne ne peut dire qu´il est
incapable de servir le Seigneur si réellement il le veut .
Dieu répond immédiatement lorsqu’une personne choisit
de le servir. Il aide cette personne à mettre tous les aspects
de sa vie en ordre. Si cela n’était pas le cas, personne ne
serait en mesure de le servir. Cependant, il est écrit : « Que
celui qui veut, prenne de l’eau de la vie, gratuitement.
» Apocalypse 22, 17.