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Dabealvi.La Sentinelle en mode veille - Centrafrique M.E.R.C.I

CENTRAFRIQUE: Cet évangile offre plusieurs chemins de réflexion pour notre vie de chrétiens.

23 Août 2019 , Rédigé par dabealvi.over-blog.com Publié dans #religion

 En méditant l’Evangile de ce jour, il faut se rappeler que les pharisiens étaient des gens d’une grande rectitude morale, et non des hypocrites, comme on a tendance à le croire aujourd’hui. Ils étaient même très bien considérés à l’époque. Celui que décrit Jésus est même un super-pharisien par ses jeûnes et sa générosité. Il faut également se rappeler que les publicains étaient réellement de vilains individus; non seulement collaborateurs de l’occupant romain, mais également voleurs, oppresseurs des petits, sans pitié pour les pauvres gens qu’ils n’hésitaient pas à faire vendre comme esclaves quand ils ne pouvaient pas payer les impôts qu’on leur réclamait. Ils avaient acheté leur fonction, souvent très cher, et ensuite, parce qu’ils fixaient arbitrairement le montant de l’impôt, ils se débrouillaient pour faire rapidement fortune sur le dos des gens. Voilà donc ces deux hommes qui montent au Temple pour prier. Que s’est-il donc passé pour qu’à la fin de leur prière, seul le publicain soit justifié et désigné comme exemple par Jésus ? Simplement un tout petit mot qu’il n’a pas dit et que, par contre, on trouve dans la bouche du pharisien : le mot “comme ». “Je te rends grâce, dit le pharisien, parce que je ne suis pas comme les autres hommes. » Disant ce mot, il se met à part, et pire, il se compare aux autres, à son avantage, naturellement. Voilà la racine de son péché.
Se comparer aux autres ne peut qu’engendrer en nous une foule d’attitudes négatives, de l’autosatisfaction "Dieu merci, je ne suis pas comme les autres" à la dépression "Je ne suis bon à rien". L’orgueil engendre le mépris des autres, et l’envie engendre la jalousie. Ne croyez-vous pas que là réside tout le malheur de l’homme. Et cela est valable non seulement pour les individus, mais pour tous les groupes humains : nations ou classes sociales.Nous voici une fois de plus invités à faire la vérité en nous. Ce qui permet au publicain d’être justifié, c’est qu’il se situe dans la vérité de son existence : il ne peut pas mentir à Dieu, il ne va donc pas se mentir à lui-même. Il est réellement un pécheur. Et il le reconnaît. Plus même, il demande pitié à Dieu.
Et il est exaucé. Le malheur du pharisien, c’est de mettre sa confiance uniquement en lui, en ses actes. Au fond, il n’a pas besoin de Dieu ni de personne. Il est seul. C’est tout juste s’il ne demande pas à Dieu de l’admirer. Faire la vérité en nous pour être justifiés, cela exige de mettre sa confiance en Dieu et non plus uniquement en nous : voilà la leçon de foi que nous donne le publicain.

Cet évangile offre plusieurs chemins de réflexion pour notre vie de chrétiens. Le premier oppose l’orgueil à l’humilité : l’orgueil du pharisien qui se gonfle de ses bonnes actions, de son exacte observance de la Loi, et l’humilité de cet homme qui reconnaît sa faiblesse et sa faute. Un autre aspect de cet évangile, c’est le regard sur l’autre : “Je ne suis pas comme les autres hommes... ou encore comme ce publicain”, regard qui juge et qui méprise sans connaître la réalité du cœur. Enfin un troisième aspect ressort de cet évangile : c’est l’effort de vérité sur soi-même auquel Jésus attribue le nom de “juste” “Quand ce dernier rentra chez lui, c’est lui, je vous le déclare, qui était devenu juste, et non pas l’autre”. Ces trois aspects de l’évangile interrogent notre propre façon de vivre comme chrétiens. D’abord l’humilité. On dit souvent que l’humilité, c’est la vérité. Il ne s’agit pas de se déprécier, d’ignorer les qualités et les talents que nous avons reçus, il convient de les reconnaître en remerciant Dieu des dons qui nous ont été faits. Mais l’humilité demande également de reconnaître notre faiblesse. Celle-ci est sans doute moins ce que nous faisons que ce que nous ne faisons pas. Un poète dont je ne me souvient le nom a eu cette magnifique parole : “L’amour qui me manque, c’est celui que je n’ai pas su donner”. Reconnaître la distance entre l’exigence de l’évangile et la réalité de notre existence, la reconnaître dans la paix nous place dans la situation du publicain de l’évangile. Le second point est le regard porté sur l’autre. Nous avons souvent tendance à nous comparer aux autres soit pour nous vanter, soit à l’inverse pour les envier. Nous avons tendance à nous situer dans une autre catégorie que ces gens dont la vie nous semble bien médiocre, sans idéal ou sans valeur, attachés à des biens illusoires, incapables de mener une vie soi-disant correcte. Certes souvent nous en remercions le Seigneur, mais en gardant ce sentiment de supériorité ou en tout cas d’incompréhension. À l’inverse, nous avons parfois des regards d’envie sur ce que possèdent les autres et dont nous sommes dépourvus. Dans un livre sur les péchés capitaux, il est écrit que le péché le plus grave était moins le péché d’orgueil que l’envie car plus ou moins consciemment, l’envie veut la mort de l’autre ; elle ajoutait que l’envie était le seul péché qui ne donnait pas de plaisir. Jésus nous a souvent mis en garde contre la tentation de se comparer aux autres. Rappelons-nous l’évangile de Marthe et Marie où nous voyons Marthe se comparer à sa sœur qui ne fait rien alors qu’elle s’active à préparer le repas. Jésus nous a dit avec force : “Ne jugez pas afin de n’être pas jugés”

Enfin il est un troisième aspect important dans cet évangile, c’est la parole de Jésus qui conclut la parabole : la publicain est reparti chez lui “justifié” et non pas l’autre. En quoi la publicain était-il “justifié” en repartant chez lui ? Pour comprendre, nous pouvons utiliser un autre mot très proche, le mot “être ajusté”. On peut dire que le publicain était “ajusté” à Dieu dans sa prière. Le pharisien certes s’adressait à Dieu, mais il était centré sur lui-même, c’est lui et non pas Dieu qui l’intéressait, il n’était pas ajusté à Dieu. On est ajusté à Dieu dans la mesure où nous essayons d’être vrais devant lui, dans la confiance. C’est l’effort de vérité sur soi-même qui met de la transparence dans notre vie, une transparence où nous laissons Dieu être Dieu en nous-mêmes. La pauvreté intérieure du publicain laissait la place à Dieu, sa pauvreté l’ajustait à Dieu qui est un Dieu de miséricorde et d’amour particulièrement pour les plus faibles. C’est pourquoi, Jésus nous dit qu’il est reparti chez lui justifié. Comme le pharisien et le publicain, nous sommes venu pour prier Dieu et le Christ Jésus. Après cette Messe, comment allons-nous repartir chez nous ? Serons-nous justifiés ? Essayons d’être devant Dieu et devant les autres avec cette transparence du cœur qui ne met pas d’obstacle à la rencontre et qui nous situe en vérité devant Dieu, nous ajuste à Dieu.. Nous la connaissons tous cette parabole, sorte de lieu commun du christianisme, aussi célèbre qu’actuelle : l’hypocrisie religieuse, la tartufferie triomphante, ne sont pas mortes ; bien des personnes se sont éloignées de la religion pour cette raison. Pourtant, un pharisien, avant de devenir l’image négative de l’orgueil spirituel, est, dans la tradition juive, le gardien de la tradition, l’élite spirituelle de référence, notamment à l’époque de la vie terrestre du Fils de Dieu. De nombreux pharisiens ont reconnu en Jésus le Messie et le Fils de Dieu : Nicodème, Simon le Pharisien, Simon de Cyrène, saint Paul… Et, parce qu’ils représentent le meilleur de l’orthodoxie juive, ils sont mis par le Seigneur devant leur responsabilité. Quant au publicain, tout le monde sait qu’il est le pire de cette société, le traître, le collaborateur de l’occupant romain. Dans cette catégorie honnie, Jésus a trouvé également des disciples : Zachée, ou Matthieu le collecteur d’impôts de Capharnaüm… Jésus Christ ne fait pas de différence entre les pauvres et les riches, les dignes et les indignes, les pécheurs et les justes. Le Fils de Dieu et Fils de l’Homme, est l’image parfaite du Père qui fait ruisseler sa miséricorde sur les uns et sur les autres, en magnifique Soleil de miséricorde. Cela ne justifie ni le traître ni l’hypocrite : mais, l’un et l’autre sont aimés et appelés au Salut. En dénonçant l’orgueil spirituel, le Seigneur veut sauver l’orgueilleux et lui ouvrir miséricordieusement les yeux ; en regardant avec amour le traître, Il l’invite au repentir. Nous ne disons pas que tous seront sauvés ; nous disons que tous peuvent être sauvés, s’ils écoutent la voix de leur Seigneur miséricordieux. Nous tous – tartuffe ou judas – pouvons être sauvés par le repentir. Le message du carême pascal est un immense espoir : qui que je sois, le Christ est là pour moi. Il est là, non pour des justes, des pécheurs, des pharisiens ou des publicains ; Il est là pour des toutes personnes qui cherche Dieu,  la parabole nous dit : « deux personnes montèrent au Temple pour y prier ». Dieu s’intéresse aux personnes, parce qu’Il s’intéresse au sceau de son image personnelle présente en tout homme. Le message pascal est orienté vers l’émergence de la personne humaine, transcendant les vertus et les vices : la personne est elle-même, et le Seigneur se reconnaît en elle comme en son image. Et le repentir opère la distinction entre le pécheur et le péché, entre la personne et ce qu’elle a pu penser, dire ou faire. Mais l’émergence de la personne – grande révolution opérée par le Fils de Dieu – suppose une autre subversion.

Le Christ, avec sa pédagogie habituelle, choisit d’abaisser celui qui est justement élevé – le Pharisien – et d’élever celui qui est à juste titre méprisé. Ce renversement, ou cette remise à niveau des valeurs, caractérise la méthode évangélique. La Mère de Dieu le chante : « Il a dispersé ceux qui s’élevaient dans les pensées de leur cœur. Il a renversé les puissants de leur trône et Il a élevé les petits ». Ceux qui sont à juste titre respectés sont déstabilisés ; ceux qui sont à juste titre méprisés – et il y en a dans l’Évangile – sont honorés. L’Évangile renverse les valeurs de ce monde : il instaure un nouvel ordre de valeurs, celui du Royaume, où le critère de la vérité est l’humilité – non devant les hommes – mais devant Dieu. Qu’est-ce que l’humilité ? – pour les anges et pour les hommes, reconnaître – suprême philosophie et sagesse ! – que seul le Seigneur est Seigneur.Le Royaume est la connaissance qu’il n’est d’autre roi que le Roi, et d’autre royauté que la sienne. La seigneurie de Dieu est exclusive ; elle est incommensurable à toute autre valeur ; et les anges des hiérarchies supérieures le savent, qui le glorifient inlassablement comme seul Seigneur et Roi : « Saint ! Saint ! Saint ! Seigneur des armées angéliques ! » Le grand Carême est la voie de l’humilité, du charisme émerveillé de glorifier Dieu, sa sagesse, sa compassion, son amour, la justesse de ses jugements ! Or, là où est l’humilité, là est la personne. Alors nous entendrons la même parole que celle de Jésus au publicain : tu repartiras dans sa maison, justifié

 

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